Surveillance spatio-temporelle des interactions compétitives entre des sous-populations de moustiques

William KUIPOU, chercheur camerounais spécialisé en physique biologique, biologie mathématique et modélisation de la lutte contre les vecteurs du paludisme, a partagé les résultats de son travail sur le “Suivi spatio-temporel des interactions compétitives entre les sous-populations de moustiques” et Franck Junior Dongmo (PhD cand.) qui est titulaire d’un master en modélisation mathématique. Il est actuellement doctorant à l’Université de Dschang et affilié au Centre de Recherche sur les Maladies Infectieuses – CRID au Cameroun. Dans cet exposé, Franck Dongmo expliquera “Comment optimiser les stratégies d’intervention à l’Ivermectine pour réduire la prévalence du paludisme chez l’homme”.

William KUIPOU a expliqué comment les moustiques anophèles, responsables de la transmission du paludisme, montrent des signes forts d’adaptation de leur comportement aux stratégies de contrôle visant à maintenir leur seuil de densité à des niveaux facilement contrôlables. Dans cette optique, le premier objectif de son travail a été d’étudier la dynamique spatio-temporelle de ces vecteurs. Les modèles mathématiques introduits prennent en compte les flux diffusifs (caractérisant la migration des moustiques adultes), la répulsion des moustiques aux composés chimiques utilisés dans les stratégies de contrôle, l’accouplement, et les interactions compétitives entre : individus d’une même sous-population (intra), individus de sous-populations de souches différentes (inter).

Il a réussi à montrer que l’accouplement et les interactions entre individus d’une même sous-population influencent significativement la direction et la vitesse globale de l’invasion, et réduisent les densités des souches invasives. De plus, pour un contrôle optimal, il a montré que la force de répulsion des composés actifs doit être supérieure à un seuil minimal qu’il a caractérisé.

Franck DONGMO, pour sa part, a indiqué que l’ivermectine est un endectocide qui a été approuvé pour la première fois en tant que médicament vétérinaire en 1981. En raison de son large spectre d’activité contre les nématodes et les ectoparasites, de sa puissance élevée, de sa longue persistance pharmacocinétique dans le sang et la lymphe et de son innocuité chez les vertébrés, il est devenu l’un des meilleurs médicaments antiparasitaires. C’est l’un des principaux médicaments utilisés pour lutter contre les nématodes filaires Onchocerca volvulus et Wuchereria bancrofti par l’administration massive de médicaments dans les zones endémiques. À l’aide d’un modèle mathématique, il a quantifié l’impact que l’ivermectine pourrait avoir sur la dynamique de la transmission du paludisme et a proposé des stratégies pour la mise en œuvre de ce médicament, qui pourrait réduire considérablement la densité des moustiques et la prévalence relative chez l’homme.